Ce qu'il est fascinant de lire dans la presse ancienne, ce sont les unes des journaux : l'expression actuelle "copier/coller" est tellement vraie il y a déjà 100 ans…
Comment parler de liberté de la presse alosr que, déjà en 1925, tous les journaux abordent les mêmes sujets, relatent les mêmes informations avec les mêmes mots, et, pour ceux qui ont les loyens, illustrés avec les mêmes photos ! Que les journaux soient une édtion quotidienne nationale ou régionale, les informations principales restent les mêmes…
J’ai commencé ma lecture quotidienne le 1er novembre 1925, chaque jour le site RetroNews me propose, en moyenne, 85 unes de journaux. Si j’exclue les deux journaux de Sélestat, Echo de Sélestat et le Journal de Sélestat, tous deux rédigés en Allemand, The Chicago Tribune and thes Daily news, édition de New York, en langue anglaise, il reste 82 unes à consulter.
Voilà ce que je retiens en ce mercredi 18 novembre 1925.
Le gouvernement PAINLEVÉ et le vote du budget
Les unes, depuis le 1er novembre 1925, ont pour sujet principal le gouvernement PAINLEVÉ et le vote du buget face au cartel Socialiste et à Léon BLUM et son groupe. L’état va-t-il devoir créer une loterie nationale, surtaxer les riches, augmenter le prix du pain, et encore d’autres problèmes pour pouvoir renflouier les caisses vides. Ces articles pourraient être publiés aujourd’hui : l’état français est dans la situation de ne pouvoir faire passer son programme car il n’y a pas d’accord avec les groupes parlementaires
La dette française aux Etats-Unis
L’intervention militaire américaine au cours de la Première Guerre Mondiale n’est pas gratuite. Tous les pays alliés se trouvent donc à avoir une dette qui doit être remboursée. Les accords sont difficiles, surtout en France où l’Etat cherche à équilibrer son buget et que le gouvernement n’a pas le soutien des députés.
Le désarmement allemand
Le traité de Versailles signé le 7 mai 1919 a mis l’accent sur les obligations de l’Allemagne :
– armée limitée à 100 000 hommes,
– interdiction d’avoir une aviation militaire, des blindes et des sous-marins,
– la démilitarisation de la Rhénanie.
Les alliés surveillaient de très près l’armement et les fabriques d’armes et donc, le désarmement. Ce traité ne représente pas des accords entre vainqueurs et vaincus, mais bien une obligation de règles à respecter. C’est la Commission interalliée de contrôle militaire qui supervise le processus du désarmement.
Les accords de Locarno, qui sont toujours en pourparlers, ne modifient que l’aspect diplomatique des relations avec l’Allemagne : le désarmement reste une obligation ! Ces accords seront ratifiés le 1er décembre 1925
Les alliés s’engagent à quitter la zone de Cologne
Les troupes britanniques quitteront la zone de Cologne pour celle de Wiesbaden. Les effectifs alliés vont être revus à la baisse sans que l’occupant allié, en Rhénanie, ne descende au nombre de 40 000 hommes comme le demande le gouvernement du Reich.
Le retrait des troupes, tout au moins, la diminution du nombre des hommes reste fonction de la volonté allemande d’accepter le désarmement.
Ce que je pensais être un fait divers va être une information relayée régulièrement sur les unes des journaux.
Chaque journaliste annonce ses faits, interview nombre de personnes mais l’affaire, en justice stagne. Les journaux iront même jusqu’à critiquer vivement la riche de M. Charles GILLET, richesse acquise par ses ancêtres venus à Lyon avec rien et ayant bâti un empire avec leurs teintureries.
Les faits ont eu lieu le 12 novembre 1925 et la presse en parlera jusqu’au décès de Louis SEUX en 1931 !
Là encore, ce qui aurait pu être un simple article sur le décès de ce pauvre adolescent devenu l’affaire judiciaire la plus importante. Pour rappel, Philippe DAUDET a été trouvé mort le 24 novembre 1923. Ses père et mère, Alphonse et Marthe ALLARD n’ont appris la nouvelle que par le journal. Cet adolescent de 15 ans était laissé libre d’agir à sa guise. Mais, après ce décès, annoncé comme étant un suicide, Alphonse DAUDET, fils du célèbre écrivain, est persuadé que son fils a été assassiné. Il porte donc plainte contre l’un, contre l’autre, et l’affaire va de rebondissement en rebondissement. Il vient d’être condamné mais se pourvoit en cassation.
D’autres nouvelles toujours à l’identique
– la présence française en Syrie, l’attitude militaire et politique est régulièrement mentionnée. Les journalistes s’interrogent sur la réaction militaire face à la révolte des Druses,
– les records aériens, pas une seule journée sans qu’il soit parlé de l’aéronautique,
– après le décès d’Anatole FRANCE, le 12 octobre 1924, sa succession à l’Académie française fait rage. Qui de Léon BÉRARD, Victor BÉRARD ou Paul VALÉRY obtiendra le poste ?
La presse papier n'a pas beaucoup d'information modifiée chaque jour, pourtant, les articles sont parfois très longs et reprennent les mêmes termes que la journée précédente. Est-ce que cela a changé aujourd'hui ?...
Sources toutes des éditions de presse du 18 novembre 1925
– RetroNews – La France Militaire
– RetroNews – Excelsior
– RetroNews – L’Echo de Paris
– RetroNews – Le Matin