Les cambriolages existent toujours, mais, dans la une de Le Journal, l'article semble incongru tant les sujets politiques sont importants !...
Dans la nuit du 23 au 24 novembre 1925, la villa de SAINT-GRANIER a été cambriolée. Ce dernier s’en est aperçu à son retour du théâtre : meubles fracturés et vidés de leur contenu. L »artiste se rend au commissariat de Neuilly-sur-Seine et qu’elle n’est pas sa surprise de constater que son cambrioleur a déjà été arrêté !
Le voleur n’est pas bien malin… Alors que le brigadier LEBLANC et les agents LAMBERT et DELEZÈNE effectuent leur ronde à bicyclettes, ils aperçoivent un individu dissimulé derrière un gros arbre. Encombré par un sac lourd, il se laisse arrêter et emmener au poste. Le butin est important : pièces d’or anciennes, bijoux, argenterie, représentant en tout une valeur d’une dizaine de mille francs.
Il ne peut que reconnaître les faits et s’explique : « j’ai été employé à des travaux de menuiserie il y a quelques mois dans cet hôtel alors qu’il était en construction. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de le cambrioler.
Le voleur est polonais, Louis BRIGENSKI, 33 ans, sans domicile, il aurait été soldat dans l’armée allemande.
Qui est SAINT-GRANIER, le propriétaire de cette superbe demeure ?
Jean Adolphe Alfred de GRANIER de CASSAGNAC est né le 27 mai 1890 à Paris, 9ème arrondissementfils de Georges Jean Baptiste, 45 ans, Conseiller général du Gers, Député, et Gabrielle Fortunée Delphine BALENDI, 27 ans, sans profession. Il a 7 ans à peine lorsque son père décède, puis 17 ans, au décès de sa mère.
C’est à cet qu’il signe tous les échos satiriques du Charivari et de l’Indiscret et patine au Palais de Glace avec Colette, Willy, la chanteuse Polaire et la vamp de l’époque, Emilienne d’ALENÇON. Sa première revue, montée au Little Palace, s’appelle « Tais-toin on s’en fout !… »
En 1913, engagé à La Pie qui chante, il est présenté comme étant gai et très spirituel.
De mauvaise santé, il ne sera pas appelé sous les drapeaux, ni avant, ni pendant la Première Guerre Mondiale. Deux de ses cousins y ont participé, Julien Paul et Guy Paul Marie Julien, ce dernier est décédé le 20 août 1914 à Fonteny, en Moselle.
Le 30 septembre 1918, à Lagny-sur-Marne, en Seine-et-Marne, il épouse Germaine VERY, 24 ans, sans profession, orpheline depuis deux ans. En fait, le mariage régularise une situation délicate : ils sont déjà les heureux parents e Jean Gabriel Roger, né le 4 décembre 1910…
Saint-Granier est très productif dans le milieu artistique : en 1916, ouverture du cabaret Le Perchoir, en 1918, celle du Théâtre de la Potinière. Puis, c’est le Casino de Paris où il débute avec Maurice Chevalier en montant six revues.
Sa vie privée ne fait pas bon ménage avec ce milieu, c’est ainsi que Germaine demande le divorce et garde son fils, le 22 décembre 1922.
L’année suivante, Saint-Granier se remarie avec Sheila Kathleen DOUGLAS, le 19 juin à la mairie du 16ème arrondissement. Là encore, après huit ans, cette union est cassée par jugement du Tibunal civil de la Seine, le 10 mars 1931.
C’est l’époque où il étend ses activités au cinéma et devient directeur de Paramount Pictures France.
Deux années plus tard, à Nice, le 7 août 1933, Saint-Granier convole en justes noces avec Elisabeth Mansfield STEEN.
Attiré par la radio, il devient, dès 1937, producteur à Radio-Cité, célèbre station de radio des années 30. Il surfe sur les nouveaux médias et anime une émission de télévision dans les années 50 « La joie de vivre ». Avec cette émission renouvelle les quolibets contre lui, il se préserve et prend du recul ne conservant que l’émission La minute du bon sens, uniquement pour rester en lien avec le public.
Sa troisième union resistera jusqu’à son décès. Jean Adolphe Alfred de GRANIER de CASSAGNAC s’éteint le 25 juin 1976 à Neuilly-sur-Seine.
Si vous désirez écouter Saint-Granier, deux titres : Ramona et de Rose-Marie.
Il est donc possible que Jean Adolphe Alfred de GRANIER de CASSAGNAC a bien réussi dans le showbiz…
Sources
– RetroNews – Le Journal – édition du 24 novembre 1925
– BnF/Gallica – Photo – Agence Rol – cote 101GH3
– RetroNews – Paris Match – édition du 17 mars 1951
– Wikipédia – Saint-Granier