Il semblerait, que, de tous temps, les différents gouvernements aient des problèmes avec l'Assemblée Nationale …
Né en 1863, diplômé ès mathématiques, ès sciences puis doctorant, Paul PAINLEVÉ est avant tout un savant, un homme de sciences mathématiques.
Il est entré en politique suite à l’affaire Dreyfus et est élu pour la première fois député socialiste en 1910, représentant le 5ème arrondissement de Paris, en remplacement de René VIVIANI. Il est réélu trois mandants consécutifs, il est élu Président de l’Assemblée nationale le 9 juin 1924 et démissionne de son poste le 21 avril 1925, étant nommé Premier ministre(à l’époque, Président du Conseil des ministres).
Le 3 novembre 1925, il défend son plan d’action – le budget – devant les deux Chambres. Cependant, la veille, il a présenté les grandes lignes de sa déclaration aux représentants du Parti Socialiste. Le Nouvelliste de Bretagne, Maine et Normandie le juge très sévèrement « un gouvernement n’est pas, quoique fasse M. PAINLEVÉ, la chose d’un parti. Il n’a pas à prendre le mot d’ordre chez les délégués d’un club ou d’un comité politique. […] Ce n’est pas avec le concours des socialistes que le gouvernement luttera contre la menace révolutionnaire« . Mais comment ne pas faire avec les partis politiques ? En 1924, l’alliance « Le cartel des gauches » est formée, réunissant les radicaux, radicaux-socialistes, la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et quelques autres groupes indépendants. Cette coalition avait pour but de faire barrage à la droite et était présidée par Edouard HERRIOT.
C’est dans cette situation politique quelque peu houleuse que Paul PAINLEVÉ présente son programme.
Le journal Le Bourguignon, annonce que l’Assemblée Nationale a été saisie de deux motions : l’une, de M. RENAUDEL, faisant crédit au gouvernement, l’autre de M. Paul FAURE, déclarant que le groupe socialiste parlementaire ne peut pas accorder sa confiance à M. PAINLEVÉ.
La presse est unanime pour parler de deux points importants de cette proposition d’équilibre du budget.
La situation financière
Il est nécessaire de redresser la situation. Si elle n’est pas désespérée, elle constitue tout de même une question vitale. Afin de pouvoir la mettre en place, le pays aura besoin de volonté et de courage. Le gouvernement lui demandera les sacrifices indispensables, dût-il y risquer l’impopularité.
L’équilibre du budget
Le gouvernement désireux de mettre les comptes à l’équilibre annonce qu’il fera en sorte que toutes les dépenses soient couvertes par les recettes et que, pour les dépenses courantes, il n’aura recours ni à l’emprunt ni à l’inflation.
Il ne faut cependant pas oublier l’amortissement de la dette flottante ! Le gouvernement crée donc la Caisse d’Amortissement dont les ressources seront destinées à l’amortissement des bons à court termes ainsi qu’à l’entretien d’un marché de rente. La contribution spéciale destinée à alimenter la Caisse serait établie par une augmentation de l’impôt sur le revenu.
Il ne faut pas non plus négliger les dettes « interalliées ». Le gouvernement promet de reprendre les négociations avec les Etats-Unis et l’Angleterre, négociations actuellement suspendues.
Les pensions
Elles sont un gros problème pour le gouvernement. Il faut le régler dans un large esprit de justice, aux régions libérées, aux assurance sociales, aux accords internationaux du travail.
Malgré ces résultats, Paul PAINLEVÉ sera déchu le 22 novembre suivant et remplacé par Aristide BRIAND, six jours plus tard. A la fin de son mandat de député de la Seine, le 28 avril 1928, il est élu député de l’Ain jusqu’à son décès, le 29 octobre 1933, à l’âge de 70 ans.
Comme l'écrivait si bien Jean d'Ormesson dans son livre, "C'est une chose étrange à la fin que ce monde", l'Histoire est un éternel recommencement…
Pour lire le texte complet de la présentation de Paul PAINLEVÉ, journal Le Matin, édition du 4 novembre 1925
Sources
– BnF Gallica – cote C14487 – PAINLEVÉ Paul – photo de presse, Agence Meurisse
– BnF Gallica – Journal Le Matin – édition du 3 novembre 1925 – édition du 4 novembre 1925
– Wikipédia – Gouvernement Paul Painlevé (2)