Non, ne vous imaginez pas que je vais écrire sur les tenues vestimentaires ! Il s'agit bien là de parler de la grève des taxis…
Le journal Excelsior, dans sa une du 7 novembre 1925, parle des amendes portées contres des taxis parisiens : 1 100, chiffre exceptionnel atteint en trois mois, de juillet à fin septembre !
Le Préfet de police de Paris a rapporté au Conseil municipal que des instructions ont été reformulées aux gardiens de la paix pour qu’ils interviennent en cas d’infraction au règlement. Mais… quel règlement ?
Celui de l’ordonnance de la préfecture de police de Paris en date du 21 mai 1918 concernant la circulation. L’article premier modifie et complète les articles 81 de l’Ordonnance de police du 10 juillet 1900 et 22 de l’Ordonnance de police du 24 juillet 1913.
[…] qu’ils – les taxis ou les cochers – soient sur la voie publique ou en station, ils doivent répondre à toute réquisition du public.
Toutefois, les cochers et conducteurs qui seront dans la nécessité pour une pause quelconque, de rentrer à leurs dépôts, devront recouvrir le drapeau du taximètre d’une gaine indiquant sur les deux côtés, en caractères blancs sur fond noir, la direction du dépôt. Dans ce cas, ils devront répondre à l’appel du client, sur la voie publique, et ils seront seulement tenus de conduire les voyageurs se rendant sur un point quelqconde du parcours dans la direction iniquée par la gaine.[…]
De même, s’ils prennent une pause, quelle qu’en soit la raison, ils doivent recouvrir le taximètre d’une gaine noire, cette fois, sans inscription. Ils doivent aussi se placer aux stations surveillées par un agent de la Préfecture de Police.
Certains chauffeurs gardent la gaine noire pour refuser des courses ou pour choisir leurs clients. D’autres, omettent de la remettre afind de laisser penser qu’ils sont libres pouvant ainsi négocier hors tarif ou attirer le client.
Les sanctions encourues
– amende de 1 à 15 francs pour une première infraction,
– amende pouvant aller jusqu’à 50 francs en cas de récidive,
– suspension temporaire du permis de stationnement,
– retrait définitif du droit d’exploiter le taxi en cas d’abus répétés.
C’est ainsi qu’en 1925, le préfet de Police de Paris fait un triste constat du non respect des règles par les taxis.
De juillet à fin septembre, les chauffeurs – 1 100 – ont encouru des sanctions sévères devant la commission de discipline pour surtaxes réclamées induement ou pour refus de conduire. 400 d’entre eux ont été sanctionnés pour des abus constatés aux abors de l’Exposition.
Le journal Comoedia du 10 novembre 1925 se plaint des tarifs prohibitifs proposés par les taxis à la sortie des théâtres. En fonction du sexe, un homme ou une femme, de la tenue vestimentaire, habillé simplement ou élégante, du temps, s’il fait beau ou s’il pleut, la course passe de 5 à 20 francs !
L’article est très caustique !
« Car ses messieurs du « macaron » sont insolents avec les plus humbles comme envers les plus illustres de nos concitoyens. S’ils estiment le pourboire insuffisant – ils ont tant soif ! – ou s’ils déposent leur client à 22 heures 25 minutes – c’est-à-dire cinq minutes avant le délai d’application du tarif de nuit – ce sont engueulades et contestations sans fins…«
L'article cite une phrase de Cicéron, à méditer peut-être, "Pour être libre, il faut être esclave de la loi"…
Source
– Wikimedia.org – Ordonnance de la Préfecture de Police de Paris – 21 mai 1918
– Retronews – Excelsior – 7 novembre 1925
– Retronews – Comoedia – 10 novembre 1925