La Peugeot 172R a été commercialisée de 1920 à 1935. Julien DEMAY achète sa voiture, d'occasion, le 20 octobre 1928…

La Peugeot 172R est mise en circulation à Bordeaux, puis vendue à Limoges le 27 avril 1927 à Jean Léon Julien Gaston COULAUDON, 33 ans, docteur en médecine à l’asile Naugeat de Limoges. La voiture est immatriculée 2458.K3. Jean Léon immatricule, le même jour, une moto Terrot HSS 4CV – 2462 K 3.

Julien DEMAY, négociant à Aubusson, achète cette belle voiture le 20 octobre 1928. Sa « carte d’identité » indique qu’elle est du type 172R et a pour numéro dans la série 106.261 avec un moteur de 5CV. L’immatriculation, en Creuse, est 76 ED.

Le Ministre des Travaux publics rappelle dans une circulaire du 6 juillet 1926, que l’article 2 du Code de la Route impose que « les roues des véhicules automobiles servant au transport des personnes et des marchandises, ainsi que le roues de leurs remorques, doivent toutes être munies de bandage en caoutchouc ou de tous autres systèmes équivalents au point de vue de l’élasticité« . Il explique que le passage des véhicules dont la pression au sol dépasse le maximum autorisé et l’emploi de bandages rigides endommagent grandement l’usure des chaussées et nuisent à la sécurité de la circulation.
Julien DEMAY est âgé de 39 ans et marié depuis quatre and avec Fernande SÉGERON, 42 ans, institutrice. Pour pouvoir acheter et conduire cette Peugeot 172R, Julien a dû satisfaire aux obligations légales : déclaration de l’achat du véhicule et obtention du permis de conduite à la Préfecture de Guéret.
Deux années après en avoir été en la possession de Julien DEMAY, le 17 septembre 1930, la Peugeot 172R est vendue à Joseph BLANZAT, demeurant Saint-Avit-de-Tardes, restant ainsi en Creuse. Son immatriculation ne change donc pas. Ce nouveau propriétaire est âgé de 23 ans et exerce la profession de scieur.
Célibataire, Joseph se mariera en 1932, est-ce pour cela qu’il se sépare de la voiture le 15 mai 1931 ? Le nouvel acquéreur est Henri SALAGNAC, âgé de 26 ans, instituteur, marié à Léa, 27 ans, institutrice. Il sont parents de Pierre, né en 1930 à Le Trucq, en Creuse. La famille réside depuis peu au Mas d’Artige lorsqu’elle acquiert la Peugeot 172R !
Et puis, seize mois plus tard, le 1er octobre 1932, elle passe dans les mains de Ernest SOURIOUX, 37 ans, receveur d’enregistrement, et son épouse Lucie BORNET, 31 ans, demeurant à Saint-Alpinien. Le 4 mai 1934, seulement dix-neuf mois plus tard, nouvelle vente : le propriétaire de la Peugeot 172R est Max BONHOMME, 32 ans, marié à Agnès Julia SÉNECAUX et demeurant à Felletin. Le 23 janvier 1937, ce dernier cèdera sa voiture à Marcel BONNET, 35 ans, cultivateur, marié à Fernande Raymonde DUBOST, 28 ans, demeurant à Saint-Quentin-la-Chabanne !

Marcel et son épouse quittent Saint-Quentin-la-Chabanne à bord de la Peugeot 172R. La voiture reste à leur service pendant 14 longues années. Elle fête ses vingt-cinq ans lorsque, le 25 juin 1951, elle est vendue à Daniel CHAZEIRAT, serrurier, demeurant Le Donzeil.

La carte de visite de la Peugeot 172R a évolué mais seul le poids à vide est complété : environ 250 kilos et le changement de carrosserie : c’est désormais une fourgonnette. La raison est sûrement due au fait que pendant la guerre, les tickets de rationnement sur l’essence étaient à destination des seuls propriétaires de véhicules permettant le transport de marchandises. Ce changement a donc été effectué entre le 29 mars 1939 et le 1er décembre 1940, dates de mise en place et de fin des tickets de rationnement. Mais au vu de la pénurie qui a secoué la France après-guerre, les tickets concernant les carburants ont été maintenus jusqu’en 1949.
Lors de cette vente, sa plaque d’immatriculation change, elle est 772 G 23.
Aucune information de destruction n’a été enregistrée, mais les propriétaires de véhicules ne signalaient pas systématiquement la destruction à la préfecture.
Cette voiture Peugeot 172R a été construite en 27119 exemplaires. Il est estimé à 5% de véhicules encore existants – soit environ 1 355 – aujourd’hui : des véhicules pouvant circuler, d’autres restaurés mais non roulant et encore d’autres en attente de restauration.
C'est une première "biographie" d'un véhicule, il est incroyable de pouvoir trouver autant d'informations !
Je remercie très sincèrement, Pascal F., représentant l’association « Les amis des Peugeot 01 » pour le temps qu’il a passé à me fournir de nombreuses informations tant sur la Peugeot 172 R que sur les documents qu’il était possible de consulter dans les dépôts d’archives départementaux.
Cet échange a donc donné suite à une mise à jour de la version initiale de cet article.
Sources :
- AD23 – Immatriculations de véhicules
- 2 S 25 – 1928-1929
- 1670 W 12 – 1951
- Etat civil
- Recensements de population
- Gallica/BnF
- 8°F 4276(II) – Recueil des lois, ordonnances, règlements du Ministère des Travaux Publics – Circulaire B-39 (voirie routière, 2ème Bureau) – 6 juillet 1926