Douloureux et difficile héritage pour ce jeune Philippe DAUDET…
Cela fait déjà presque 2 ans que le procès sur le décès/assassinat de Philippe DAUDET est régulièrement en première page des journaux. Le père de cet adolescent, Léon DAUDET, cherche frénétiquement un responsable : son fils ne peut pas s’être suicidé !
Philippe Marie Jules Alphonse Auguste naît le 7 janvier 1909 à Paris, fils de Vincent Léon, 42 ans, député et homme de lettres, et Marthe Marie Julia Alphonsine ALLARD, 31 ans, sans profession. Il a un demi-frère, Charles Victor Alphonse Léon, âgé de 17 ans et issu du premier mariage de son père avec Léopoldine Clémence Adèle Lucie HUGO.
1923, Philippe, 14 ans, est très perturbé : il a du mal à trouver sa place dans la société, tant politique, professionnelle que personnelle, lorsque, dans sa famille, les noms de Victor HUGO et Alphonse DAUDET son en écho permanents !
En effet, Léopoldine est la petite fille de Victor HUGO, qui a imprégné la société française par sa plume et par ses engagements politiques. Certes, ce n’est que la mère de son demi-frère mais tout de même.
Quant à ses parents… Vincent Léon est le fils d’Alphonse DAUDET, autre homme de lettres célèbres et Marthe Marie Julia est la nièce de ce même Alphonse DAUDET !
Le 24 novembre 1923, il meurt d’une balle dans la tête alors qu’il est dans un taxi…
Le samedi 24 novembre 1923, vers 16 heures, un jeune homme arrêtait un taxi place de la Bastille lui demandant de se rendre au cirque Medrano. Arrivé à hauteur de la place de la République, un bruit de détonation retentit, le chauffeur s’arrête, pensant à un pneu éclaté vérifie l’état de la voiture et constate, qu’en fait, le jeune homme s’est tiré une balle dans la tête. Le chauffeur appelle la police et le corps est transporté à l’hôpital Lariboisière où le blessé décède quelques heures plus tard. Aucun papier ne permet d’identifier le défunt.
Le dimanche 25, Marthe DAUDET, inquiète de ne pas avoir vu rentrer son fils, pense tout de suite à lui en lisant l’article dans le journal. C’est le docteur de la famille, docteur BERNARD, qui s’est déplacé et a confirmé l’identité du suicidé comme étant bien Philippe DAUDET.
La conclusion policière étant le décès, le corps est rendu à la famille et les obsèques sont organisées. C’est la publication d’un article dans un journal anarchiste, le Libertaire, qui va pousser Léon Daudet à porter plainte pour assassinat. La presse s’enflamme et chacun y va de son information, de ses informations.
De toute évidence, Philippe DAUDET était, d’après les psychiatres de l’époque, névropathe, enclin à vouloir fuir son milieu habituel, d’où de très nombreuses fugues et des déplacements incessants.
Philippe est parti au Havre dans le but de rejoindre le Canada, mais, sans argent, comment faire ? Il revient donc à Paris et rencontre ses amis anarchistes à qui il demande une arme et des munitions. Il n’hésite pas pour dire qu’il veut tuer son père aux idées si dures, ce père qui le bat…
Mais, même ses relations politiques ne le soutiennent pas. Vers qui se tourner ?
Au fil des mois, il apparaît que Philippe DAUDET, étant considéré comme anarchiste, était surveillé par la Sûreté nationale. C’est ainsi que, lors de la 9ème audience, Léon DAUDET accuse le Contrôleur général de la Sûreté, M. DELANGE, d’avoir maquillé en suicide l’assassinat de son fils.
La justice rend son verdict en annonçant un non-lieu contre les différents inculpés. Léon DAUDET refuse le verdict et accuse de faux témoignage les principaux témoins, dont M. BAJOT, le chauffeur de taxi qui porte plainte pour diffamation. En 1927, le député est condamné, arrêté et emprisonné à la Santé d’où il réussit à s’échapper et s’exile en Belgique.