Toute guerre entraîne la résistance : défendre son pays avec ses moyens, mais défendre ! Si ce n'est pas dans les rangs militaires, ce sera dans ceux de la résistance…

Né le 22 juillet 1899 à Montreuil-aux-Lions, dans l’Aisne, Albert Raymond BAHIN, comme de très nombreux autres hommes, participe à la Première Guerre Mondiale. Il est incorporé le 21 avril 1918 au 11ème Régiment du Génie et rejoint l’Armée du Nord-Est ave con régiment. Passé au 2ème régiment du Génie le 6 septembre 1919, il part maintenir l’ordre au Maroc et rentre en 1921. Le 25 mars de la même année, il rentre dans ses foyers avec le certificat de bonne conduite.
Commence alors, pour lui, le parcours des demandes de réforme : il a été malade en 1918, une otite qui n’a pas été imputée au service, mais qui a bien été actée pendant son service militaire. Les années passant, il a beaucoup perdu de son acuité auditive. C’est ainsi qu’il est classé, en 1924, dans le service auxiliaire : fini le combat, fini les tranchées. De toute façon, il n’y aura pas d’autre guerre !
De retour à la vie civile, Albert Raymond reprend son métier de menuisier. Il épouse Louise DÉBROSSE en 1925 et le couple a trois enfants : Yvette, en 1927, Jacques, en 1928 et Renée, en 1929. Une vie paisible, la paix est en place…
Et puis, voilà, la guerre couve… La montée en puissance d’Hitler en Allemagne entraine l’impensable : la Mobilisation générale du 1er septembre 1939 !

Albert Raymond BAHIN a l’impression que c’était hier, hier qu’il était encore à la guerre. Pourtant, quinze années sont passées et le cauchemar est là. Père de trois enfants et au titre de l’article 58 de la loi sur le recrutement du 31 mars 1928, il est rattaché à la classe 1913.
Toujours conscrit, âgé de 40 ans, il rejoint la 7ème Compagnie du Régiment Régional, et est rattaché au Dépôt n° 22 le 5 avril 1940. Aucune indication de fin de conscription militaire mais la classe 1913 était, légalement terminée en 1941.
De fait, Albert Raymond ne peut plus défendre, militairement, la France. C’est ainsi qu’il rejoint les Forces Françaises de l’Intérieur en s’engageant, pour la durée de la Guerre au mouvement F.F.I. Aisne, secteur de la Fère, le 15 septembre 1943. Il est très vite arrêté, sur dénonciation, le 24 novembre 1943 et détenu à la prison de Fontainebleau, puis au camp de Romainville et, enfin, au camp de travail d’Helfaut dans le Pas-de-Calais. Il lui est reproché la diffusion de tracts et le sabotage.

Alors qu’il est dans la colonne partant au travail, Albert Raymond s’évade et il réussit à se cacher à Dammard, dans l’Aisne, jusqu’à l’arrivée des Américain qui le libère le 28 août de la même année.
Il reprend du service en participant à des opérations de nettoyage, principalement les 28 et 29 août 1944.
C’est ainsi que Albert Raymond BAHIN est cité à l’Ordre de la Division, n° 20, le 14 juillet 1945.

Cette citation et ses actes lui ont valu la Croix de Guerre (1939-1945).
A l’issue de la Guerre, Albert Raymond désire faire reconnaître son appartenance aux F.F.I. Il est une première fois débouté pour insuffisance de preuves. Deux camarades de combat, Eugène VANNIER et André BOCQUET, attesterons de son courage et de ses actions.
Eugène et André ont été arrêtés, torturés et détenus en même temps que lui.
Enfin, le Général de Division PEYDENOT signera, le 24 janvier 1950, le Certificat d’Appartenance aux Forces Françaises de l’Intérieur attestant de l’implication d’Albert Raymond BAHIN.

A l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, Albert Raymond retrouve sa famille, temporairement repartie dans la famille maternelle à Saint-Sulpice-le-Dunois, en Creuse. Il marie ses trois enfants, et est sûrement grand-père. Il s'éteint à La Ferté-sous-Jouarre, le 17 août 1988, âgé de 88 ans…
Sources
- AD02 – cote 1R2_0778 – Fiche matricule 222/1919
- H.D. Caen – cote AC 21 P 701244 – Dossier de résistant interné
- AD02 – Etat-civil et recensement en ligne
- Gallica/BnF – Journal Officiel du 2 septembre 1939
- https://archives-en-ligne.seine-et-marne.fr/