Henri Désiré LANDRU adopte, pour sa défense, un ton sacarstique, une attitude morne, éteinte…
C’est au cours de l’acte d’accusation que sont énumérés, non seulement les noms des victimes, mais aussi ceux d’emprunt de LANDRU : FREYMET, CUCHET, nom de sa première victime, GUILLET, RÉGNIER. De nombreuses professions aussi, tour à tour, ingénieur, consul, commis ambulant des postes, agent de la sûreté… LANDRU est même jusqu’à noter les heures de meurtre, les prix de vente des accessoires de ses victimes : « Mme PASCAL tuée à 17h15 – 15 francs le prix de son dentier » !
Pour terminer la première journée d’audience, LANDRU s’exprime « Je n’ai rien à dire, mais je proteste une fois de plus de mon innocence. J’ai été enfermé pendant trois ans et j’ai toujours protesté de mon innocence…«
Le 25 novembre, les experts témoignent : Dr PAUL, médecin légiste, M. KLING, directeur du laboratoire municipal, M. BAYLE, chef du service d’identité judiciaire et M. KOHN-ABREST, chef du laboratoire de toxicologie. L’horreur est présentée : des ossements à demi-calcinés retrouvés dans le jardin de la maison de Gambais, des agrafes, épingles, œillets de corsets, …, ayant subi l’action du feu dans le fourneau de ladite maison. Le Dr PAUL présume qu’au moins trois cadavres ont été brûlés… Le poids des cendres a été estimé à une centaine de kilos. Ces cendres, passées au tamis, ont permis de recueillir 256 fragments d’ossements humains. LANDRU nie farouchement, mais M. BAYLE, après des tests sur de la combustion animale le 27 juin 1919, a estimé qu’il était « possible de brûler 50 kilos de chair et d’os en 24 heures…«
Le 1er décembre 1921, les dépositions de tous les témoins étant terminées, l’audience est entièrement consacrée aux plaidoieries de la partie civile, Mes LAGASSE et SURCOUF. Commencé le 27 novembre, l’avocat-général Me GODEFROY termine son réquisitoire le 28 en réclamant la peine de mort. C’est donc lors de la vingtième audience, que Me de MORO-GIAFFERI peut présenter sa défense et termine, s’adressant aux membres du jury, sur ces paroles « Avant trente ans, le fait de la disparition ne démontre pas la mort. Vous manqueriez à votre serment si vous prononciez le contraire. On vous demande une tête et vous répondrez : non ! »
Ensuite Henri Désiré LANDRU fait une déclaration « Monsieur l’avocat général m’a attribué, hier, tous les crimes et tous les vices. Il m’a reconnu cependant l’amour de ma famille. Sur ma famille, j’affirme que je n’ai tué personne. » La demande a tout de même été faite et… refusée !
Après trois heures de délibération et ayant répondu à quarante-huit questions, le jury rapporte un verdict affirmatif sur toues les questions sauf deux, celles relatrives au vol des biens de Mme Andrée BARBELAY. Ensuite, la cour se retire et statue en prononçant la peine capitale. A la demande son avocat de signer une demande de recours en grâce, Henri Désiré répond « Jamais un homme comme moi ne demande ni grâce ni pitié. » Il est reconduit à la prison Saint-Pierre, dans la cellule n° 3, celle des condamnés à mort.
Henri Désiré LANDRU est guillotiné le 25 février 1922 à 6h44 !
Comment ces faits ont-il pu se dérouler ? Le climat national était tourné vers la guerre, les « disparitions » des uns ou des autres n’étaient ni relevées ni jugées inquiétantes. Sans les plaintes de proches, familiaux ou amis, combien d’autres victimes aurait pu faire LANDRU ?…
Ce jugement qui n’intéressait personne sera à la une de l’Excelsior 14 jours sur les 26 que dureront le procès ! Est-ce donc la presse qui a « médiatisé » le procès ? Sûrement ! Le troisième jour d’audience, la première personnalité honorant de sa présence le public est la Princesse de Grèce « A peine une note d’élégance dans le public, un regard clair, un manteau de fourrure tiède…«
« Contrairement aux prévisions de pessimistes qui n’étaient pas psychologues et connaissaient mal surtout la curiosité féminine, Landru fait recette. Cahque audience s’ouvre dans une salle plus bondée, devant un public plus parisien. Le théâtre donne beaucoup. Nous avions déjà reconnu tout à tour dans les ranges pressés des spectateurs la silhouette de Louise Balthy, les yeux de gazelle de polaire, le sourire tout ivoire de Mistinguett. Hier, Mme Berthe Bovy représentait la Comédie Française, Mlles Nina Myral et Maud Loti,, des scènes plus fantiasistes, cependant que d’un regard sombre, l’excellent Arquillière suivait les jeux de physionomie de l’avocat général, dont il fera quelque jour son profil. Près du banc de la défense, le front encore barré d’une longue cicatrice, Sadi Lecointe, roi de l’air, observait avec intérêt l’homme qui, peut-être assassina. » Extrait du journal Excelsior – 18 novembre 1921