Tout commence par la découverte de Elise ADENET, 16 ans…
Le 1er avril 1900, Elise ADENET, 16 ans, typographe, se présente au commissariat du quartier d’Auteuil, à Paris. Elle a un bébé dans les bras, bébé qu’elle aurait aperçu sous le pont de chemin de fer, boulevard Victor.
« J’ai aperçu un paquet renfermé sous une couverture blanche en laine. J’ai pensé qu’une blanchisseuse avait dû abandonné ce paquet. Je me suis approchée, j’ai ouvert le paquet et vu qu’il y avait un enfant« .
Le bébé, une fille, était enveloppée dans deux langes, l’un en coton, l’autre en laine, vêtue d’une brassière blanche et bleue et d’une pointe blanche. La petite avait un bonnet bleu et blanc, lui aussi. Dans le paquet, avec le bébé, se trouvaient deux couches, une brassière, une autre pointe et un petit bonnet de coton.
Elise, qui vient déclarer le bébé trouvé, précise encore : « J’ai vu également une femme s’enfuir dont je ne pourrais donner le signalement et qui devait, d’après moi, être la mère de l’enfant« .

La déclaration au commissariat permet d’enregistrer un acte de naissance du bébé : Françoise Elise DUPONT. Cet acte est inscrit sur les registres de l’état civil du 15ème arrondissement de Paris à la date du 3 avril 1900, deux jours après la déclaration. La description de l’enfant est plus précise : les cheveux châtains, une petite blessure sur l’œil gauche, une petite éraflure sur le ventre au-dessous du nombril.

Conformément à l’article 11 du Titre III de la loi du 20 septembre 1792 – intitulé Naissances – le maire donne un nom au bébé – Françoise Elise DUPONT, et pourvoit à sa nourriture et à son entretien en la confiant aux Hospices de Paris. Si l’acte de naissance indiquait que Françoise Elise devait être âgée de quinze jour, le dossier de l’assistance publique donne le 1er mars 1900 !
Lors du dépôt de Françoise Elise à l’Assistance, le 4 avril 1900 à près de 5 heures de l’après-midi, l’explication détaillée enregistrée pour motiver l’abandon de l’enfant est très surprenante…
« Il a été trouvé par la demoiselle Adenet Hélène, 15 ans, domestique, demeurant 19 rue Virginie. La dame Adenet, née Madelaine Colmez, 45 ans, ménagère, résidant 134 quai d’Auteuil, a déclaré vouloir s’occuper de cet enfant et l’élever si on veut bien lui confier« . Madame ADNET mélange ses deux filles : Hélène, 19 ans, l’aînée, et Elise, 17 ans, la puinée.

La petite fille est de suite envoyée à Arras, dans le Pas-de-Calais, pour être placée chez M. et Mme DUBOIS à Riencourt-lès-Cagnicourt. M. Alfred DUBOIS est âgé de 35 ans exerce la profession d’ouvrier agricole. Son épouse, Estelle, 32 ans, s’occupe des enfants : Germaine, 6 ans, et Pierre, 3 ans. La petite Françoise est encore dans la famille en 1911 ; d’autres enfants sont nés : Georgette, en 1901, Adrien, en 1904, décédé l’année suivante, Suzanne, en 1906, et Jeanne, en 1908.
Lors du même recensement, M. et Mme Furey COQUEL, cultivateurs, hébergent trois frères et sœur, DEBOUCHE Maurice, Auguste et Philomène de l’Assistance publique de la Seine. Ils sont respectivement nés en 1891, 1892 et 1895.
Le 1er avril 1913, Françoise Elise quitte son premier foyer pour aller chez M. et Mme CUVELLIER à Villers-au-Bois, puis, le 1er juin 1915, elle est placée chez M. et Mme Furey COQUEL à Riencourt.
Les faits de guerre dans la région du Nord obligent la famille COQUEL à être déplacée à Saint-Yrieix, en Haute-Vienne. Mais la vie est très difficile. En mars 1917, Mme COQUEL adresse un courrier à l’Assistance de Paris pour expliquer « qu’ayant été complètement dépouillée par les Allemands, elle se trouve sans ressources et dans l’impossibilité de conserver Françoise Elise« . C’est ainsi que l’adolescente prend le train à Saint-Yrieix pour rentrer à Paris. Afin de pouvoir la reconnaître, le télégramme indique un signalement « ruban bleu chapeau« , Françoise Elise est toujours avec du bleu…
L’Assistance publique de Paris doit donc trouver un nouveau foyer. C’est dans la Nièvre, chez M. et Mme Hyppolite MOREAU, que Françoise Elise arrive le 27 avril 1917 et quittera ce foyer le 24 juin 1921.

Aucune autre information disponible sur le net…
Je ne me résous pas à penser qu'arrivée à la majorité, Françoise Elise DUPONT ait pu décéder ! Je suis dans l'attente d'un retour de l'état civil de la commune de Magny-Cours, en janvier m'a-t-il été répondu.
Quelques précisions sur cette recherche : Alors que je cherchais un acte d’état civil dans les registres parisiens, j’ai relevé l’acte d’abandon de Françoise Elise en me disant qu’il serait intéressant de savoir ce qu’avait pu devenir le bébé. Le Challenge UPro-G m’a permis de reprendre le dossier qui a été beaucoup plus complet grâce à ma collègue, Fabienne BECAUD, qui est allée chercher le dossier complet aux Archives de Paris.