La loi du 2 novembre 1789 met les biens ecclésiastique à la disposition de la nation, celle du 21 décembre 1789 décide de la vente de 400 millions de biens nationaux et celle du 4 juillet 1790 ordonne la vente totale de ces biens…

Le 2 novembre 1789, l’Assemblée votre « la mise à disposition des biens ecclésiastiques, à la charge de pourvoir d’une manière convenable aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres ». Le 16 avril suivant, elle en décrète la nationalisation.
C’est en 1791 que les églises supprimées, les presbytères et les cimetières furent définis comme bien nationaux. Le presbytère de Moissy-Cramayel n’échappe donc pas à la règle… Il ne faut pas oublier qu’en 1789, le maire, Mathurin LHERMINOT, et le marquis de Cramayel ont dénoncé Louis Michel TROUVÉ, alors prêtre de la commune. Ce dernier, arrêté, emprisonné au Kremlin-Bicêtre, a été guillotiné le 26 juin 1794.
C’est ainsi que le procès-verbal d’expertise concernant le presbytère est dressé le 16 thermidor an IV (3 août 1796). L’expert nommé est M. RONDELET, maître maçon à Melun et le soumissionnaire nommé par M. AUBERGÉ, acquéreur est l’architecte LESIEUR, de Melun, soumission n° 395 du 19 floréal dernier (8 mai 1796).

Après avoir examiné l’état des bâtiments ainsi que les terrains les accompagnant, voici une description détaillée est enregistrée.
Le presbytère consiste en un bâtiment avec cour et jardin dont l’entrée est située sur la grande rue en face de l’église. Le corps de logis est composé :
– au rez-de-chaussée, d’un vestibule avec cheminée, à droite, la cuisine et le cabinet, à gauche, une salle avec cheminée,
– au premier étage, quatre chambres avec feu, un cabinet, et un grenier derrière l’escalier,
– une cave dessous la cuisine et le cabinet.
Les autres bâtiments sont une remise couverte en tuiles droite, une écurie pour deux chevaux à gauche. Le jardin est clos avec un puits et quarante-huit tilleurs au berceau.
La propriété touche, au sud à la Rue de Corbeil, au nord à la grande route, au levant à la rue de l’église et au couchant celle de M. RABOURDIN, de Champigny.
Les superficies retenues sont :
– sol de maison, bâtiments et cour : 2 ares 62
– jardin potager planté d’arbres fruitiers : 31 ares 50
– parterre devant l’habitation, planté d’arbres : 7 ares 01
Les biens sont estimés à un revenu annuel de 200 francs. La loi obligeant à multiplier dix-huit fois ce montant, le montant de la vente est de 3 600 francs. La commune, en la personne du maire, M. MEUNIER, donne attestation du règlement des contributions foncières versées en 1793.

La vente est actée ledit jour, 16 thermidor an IV (3 août 1796).
A la suite d’une adjudication, Antoine HUCHERARD et son épouse, Marie Geneviève SAMSON, sont devenus propriétaire par acte devant Me LEBLOND, notaire à Brie-Comte-Robert, le 9 germinal an 11. Dans cet acte notarié, le presbytère est appelé le « pressoir ».
Les nouveaux propriétaires revendent le bien aux anciens, Jean Louis AUBERGÉ et Victoire Geneviève GARNOT, le 3 octobre 1812, acte conclu devant Me MASSON, notaire à Blandy, pour la somme de 3 000 francs.
Suite au décès du député Firmin Louis AUBERGÉ, décédé à Courquetaine, le 6 mai 1851, les héritiers se sont tous réunis pour vendre la propriété dite « le Presbytère ». Sont présents :
– Aimée Joséphine POMMIER, la veuve, qui représente aussi son fils mineur, André Ernest Louis, demeurant à Courquetaine, hameau de Malassise,
– Charles Firmin Louis AUBERGÉ, notaire à Melun, et son épouse Fortunée Victoire Théodore Alexandrine JOZON,
– Amélie Louise AUBERGÉ, veuve Auguste JOZON, demeurant à Melun,
– Nicolas Victor AUBERGÉ et son épouse Elisabeth Pélagie FERTÉ, propriétaire demeurant à Moissy,
– Clarisse Louise Antoinette AUBERGÉ, veuve de Pierre GATELLIER, séparée de Jean Baptiste DUCRET, demeurant à Versailles,
– Charles Prosper AUBERGÉ et son épouse Adèle Victorine Sophie DURANTY, demeurant à Cramayel, commune de Moissy
– Germain Constant DESFORGES, maire de la commune de Moissy.


La propriété est décrite à l’identique, seuls les propriétaires voisins ont changé :
– au sud, toujours la vieille rue de Corbeil,
– à l’est, M. Julien GORGUES et à la veuve DELPORTE,
– au nord, à la route de Brie-Comte-Robert,
– à l’ouest, à MM. VERRIER et HACQUET.
Cette vente est enregistrée par Maître Etienne Charles Eugène BERGÉ, notaire à Paris, le 18 décembre 1854, transaction faite pour la somme de 7 000 francs.
Ce bien, toujours à usage cultuel, est resté la propriété de la commune…

Sources
– AD 77 – cote 4OP296/1 – Vente des héritiers Aubergé à la commune de Moissy-Cramayel
– AD77 – cote 229A128 – Vente Antoine Hucherard à Jean Louis Aubergé
– AD77 – plan du presbytère et du potager
– Photo personnelle