Bataille navale à Rhodes…
Le croiseur Vasco de Gama est lancé le 24 mai 1879 pour l’armateur Mc Dundee. Il est vendu en 1883 et rebaptisé Auvergne. Revendu en 1909 à un armateur grec, change de nom, Eurotas, puis est revendu à un armateur grec-germano-américain en 1911 et rebaptisé Indiana. En 1915, il porte pavillon américain et navigue dans les eaux de la méditerranée proche de Rhodes.
Selon le rapport et les conclusions du commissaire rapporteur chargé de l’instruction sur la perte du croiseur Indien, il apparaît que ce croiseur auxiliaire avait été capturé par un bâtiment de l’armée navale alors que, naviguant sous le pavillon américain, il faisait de la contrebande de guerre avec un équipage grec. Après sa prise, il est transformé en croiseur auxiliaire et armé de deux canons de 65 pour lui permettre de faire la chasse aux sous-marins allemands. Le Lieutenant de vaisseau FORGET en est le commandant lorsque le croiseur est torpillé le 8 septembre 1915 à 6 heures 30 du matin, dans le port de Rhodes, pendant que, sans méfiance, il s’approchait d’un petit bâtiment en détresse.
Les personnels des navires italiens croisant près de l’Indien ont porté secours à tout l’équipage mais n’ont pu sauver que 13 marins sur 86 !
Le Lieutenant de vaisseau FORGET est jugé au 1er Conseil de Guerre maritime comme responsable des pertes des marins. Après avoir entendu tous les témoins, tous favorables, le Conseil de Guerre prononce l’acquittement.
Le décret du 28 décembre 1915, le Ministère de la Marine reconnaissent le curage et le dévouement dont ont fait preuves les officiers et marins italiens qui ont porté secours aux marins du croiseur auxiliaire français Indien le 8 septembre 1915 :
- Une médaille de sauvetage de 1ère classe en argent au Lieutenant de vaisseau Aquilino Montagnaro,
- Une médaille de sauvetage de 2ème classe en argent aux :
- Premier officier, Girolamo de Marchi et ai second officier, Alessandro Badaracco, tous deux du vapeur italien Ligure,
- Second officier, Ernesto Longobardi, et à Eugenio Paone, maître d’hôtel, tous deux à bord de l’Americo Vespuci.
Le Lieutenant de vaisseau Emile Eugène FORGET
Né le 4 août 1872 à Antibes, il est fils de François Eugène, maître cordonnier au 112ème Régiment d’Infanterie, et Anne TERRUSSE. Elève de Polytechnique, il opte pour la Marine et est embarqué dès 1897 à bord du cuirassé Neptune.
En 1902, Emile Eugène est élève à l’Ecole des Officiers-torpilleurs et obtient son brevet. Le 29 décembre 1910, alors Lieutenant de Vaisseau, il est promu Chevalier de la Légion d’Honneur.
En 1913, affecté à Toulon depuis deux ans, il obtient son brevet de l’Ecole Supérieure de la Marine et devient aide de camp du contre-amiral Pierre DARRIEUS. Il est embarqué pour la guerre et patrouille en Méditerranée lorsqu’il prend le commandement du croiseur auxiliaire Indien. A la suite de ces évènements, il est cité à l’ordre de l’armée et reçoit la Croix de Guerre. « Officier de premier ordre, empreint des plus hautes qualités militaires, doué d’une rare énergie, d’enthousiasme et de décision. A rendu les plus grands services comme commandant de l’Indien, et s’est distingué par son courage et son sang-froid lorsque ce bâtiment a coulé en rade de Rhodes, torpillé par un sous-marin ennemi le 8 septembre 1915. »
Sa carrière navale se poursuit et, alors qu’il commande le torpilleur d’Iberville, Emile Eugène FORGET est promu capitaine de corvette, puis capitaine de frégate, deux ans plus tard. Elevé au rang d’Officier de la Légion d’Honneur en 1917, il revient à Toulon et est promu Capitaine de Vaisseau.
Le 30 juin 1928, promu contre-amiral, il est élevé au rang de Commandeur de la Légion d’Honneur. Après 56 ans et 3 mois de service, il rejoint les cadres de réserve le 1er janvier 1932, et sera élevé au rand de Grand Officier de la Légion d’Honneur par décret du 13 mai 1933.
Après une très belle carrière, Emile Eugène FORGET s’éteint dans sa ville natale le 7 janvier 1956, à l’âge de 84 ans.
Si des militaires français ont été honorés de médailles étrangères, la France a aussi remercié et récompensé des militaires étrangers pour leur bravoure et leur dévouement aux forces militaires françaises…
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