Eugène AUDRAN est écroué à la Maison d'Arrêt de Melun du 19 août au 6 septembre 1904.
Eugène naît le 11 janvier 1883 à Paris (11ème arrondissement), fils de Jean, 26 ans, employé de commerce, et Blanche BRISSET, 22 ans, plumassière. Il a au moins trois frère et sœurs : Mathilde, née en 1879, Maria, née en 1886 et Georges, né en 1893.
Très vite, Eugène a des démêlés avec la justice :
- condamnation en 1901,
- 8 jours de prison pour complicité de vol,
- condamnation en 1903, 25 francs d’amende pour infraction à la police des chemins de fer,
- puis 1 mois de prison pour vol de récoltes et vagabondage.
Le 19 août 1904, il est incarcéré à la Maison d’Arrêt de Melun, jugé le 26 du même mois pour vol de récoltes et vagabondage, il écope d’une peine de 3 mois. Lors de son entrée à la prison, il est décrit mesurant 1,65 m, yeux verts, barbe et cheveux blonds roux. Il est vêtu d’un complet veston en drap gris « fer », d’une chemise rayée noire, d’une paire de souliers et porte une casquette en drap noir. Le 6 septembre 1904, il passe à la maison de Correction.
Ayant fait de la prison étant jugé coupable de méfaits, il est incorporé le 30 novembre 1904 au 1er Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique. Ces régiments d’Afrique sont des régiments disciplinaires. Eugène AUDRAN effectue un service militaire normal, il rejoint le 97ème Régiment d’Infanterie le 4 juin 1906 et est renvoyé dans ses foyers le 12 juillet 1907 en ayant obtenu son certificat de bonne conduite.
Son père décède le 18 décembre de la même année, Eugène est âgé de 24 ans, est employé de bureau et n’a plus de souci avec la justice. Il s’engage volontaire le 6 février 1909 auprès de l’Intendance militaire de Paris au titre de la Légion Etrangère. Ses problèmes avec l’autorité et les difficultés rencontrées font qu’Eugène est placé dans les groupes disciplinaires :
- 2ème Etranger, le 1er septembre 1910,
- 1er Etranger, le 31 mars 1911,
- Peloton spécial, le 9 juin 1913,
- retour au 2ème Etranger le 1er octobre 1913,
- il revient au 1er Etranger, section ordinaire, le 7 janvier 1914.
A la fin de son contrat, il se voit refuser le certificat de bonne conduite. Il a pourtant fait campagne de guerre du 14 février 1910 au 31 mars 1911 dans l’amalat d’Oujda, puis du 31 mai 1912 au 27 septembre 1913 aux confins nord-algéro-marocains.
Rappelé par l’Ordre de Mobilisation générale du 1er août 1914, il rejoint le 132ème Régiment d’Infanterie et décède le 21 février 1915 aux Eparges, dans la Meuse.
Il est cité par deux fois :
- à l’ordre de l’Armée « Tué glorieusement pendant l’assaut du 21 février s’élançant dans une tranchée ennemie fortement défendue. Etait depuis le début de la Campagne, un modèle de bravoure et d’énergie pour sa compagnie« .
- à l’ordre du Corps d’Armée – n° 3720 « Bon soldat dévoué et courageux, tué le 21 février 1915 à l’assaut de la crête des Eparges, en entraînant ses camarades en avant « en avant, suivez-moi, il n’y a personne dans la tranchée boche ».
Eugène AUDRAN a eu une vie de révolte et de conflit, mais il a péri dans l'honneur et la fierté de son pays !
Sources