Encore aujourd'hui, nous constatons des ventes d'archives publiques par des particuliers. Comment est-ce possible ? Ce n'est pas un fait de notre société, la disparition de ces archives ont toujours été d'actualité…
Dès 1634, Richelieu institue, pour la garde des archives communales, des secrétaires-greffiers héréditaires, mais les villes voient là une atteinte à leurs droits. Pontchartrain crée la charge de garde des archives par les édits de mars et juillet 1690.
Les archives communales n’ont pas eu à souffrir de la Révolution. Il faut déposer aux archives un exemplaire des lois qui sont imprimées par les soins des administrations du département.

Le décret du 20 septembre 1792, Titre VI – dispositions générales, en son article premier explique comment archiver les registres paroissiaux.
Dans la huitaine à compter de la publication du présent décret, le maire ou un officier municipal, suivant l’ordre de la liste, sera tenu, sur la réquisition du procureur de la commune, de se transporter avec le secrétaire-greffier, aux églises paroissiales, presbytères, et aux dépôts des registres de tous les cultes ; ils y dresseront un inventaire de tous les registres existant entre les mains des curés et autres dépositaire. Les registres courants seront clos et arrêtés par le maire ou officier municipal.

Les registres paroissiaux devaient donc être versés à la commune au plus tard le 29 septembre 1792. A Réau, commune de Seine-et-Marne, le dernier acte enregistré par le curé est un mariage, celui de Jean Baptiste PATIN et Marie Louise MAHOT, le 20 novembre 1792. Cet acte est suivi d’un autre enregistré par le maire : « Et le même jour de l’an que de hier, après avoir … leur mariage en face de l’Eglise dont ils connaissent l’indissolubilité, nous avons informé sur la loi civile du mariage Jean Baptiste Patin […] et Marie Louise Mahot […] en présence de l’officier public provisoire, ont déclaré se prendre pour époux […] » La passation des registres a donc été effectuée.
Tous les registres paroissiaux ont-ils été versés ? Manquaient-il des registres en 1792 ?

En 1867, un épicier de Moissy-Cramayel achète un lot de vieux papiers. Quelle n’est pas la surprise de l’instituteur d’y découvrir deux registres paroissiaux reliés en parchemin contenant les actes de baptêmes, mariages et sépultures ! Le premier allait du 27 septembre 1636 au 23 janvier 1674, le second du 12 novembre 1681 au 15 avril 1692.
Ces documents ont été rapidement déposés à la mairie de Réau pour être consultés comme il se doit…
Surprenant, dans les registres paroissiaux en ligne sur le site des Archives départementales de Seine-et-Marne, le registre paroissial commence le 11 janvier 1636, l’acte du 26 septembre 1636, un mariage, est dans la continuité de celui du 20 du même mois et du 10 du mois suivant. Il se termine tout de même par l’acte du 23 janvier 674, aussi un mariage…
Le second registre commence bien par un acte du 12 novembre 1681, une inhumation pour se terminer par celui du 15 avril 1692, un mariage.

Les autres registres manquant étaient-ils aussi détenus par des particuliers ? Existent-ils encore ou ont-ils été détruits, comme de nombreux autres documents, par les héritiers des décédés ?...
Source
- BnF – Répertoire Général alphabétique du Droit français – 1889
- BnF – Lois et actes du Gouvernement – Tome VI – Juillet 1792 à Mars 1793
- Retronews – Journal de Seine-et-Marne – édition du 30 novembre 1867
- Archives départementales de Seine-et-Marne – Registres paroissiaux de la commune de Réau