La maison de Sébastien est devenue trop petite pour la famille recomposée…
La maison de Sébastien a deux pièces réservées aux chambre : une, à côté de la cuisine, où il dot avec son épouse, et une autre, à l’étage où dorment désormais les cinq garçons ! Il faut donc trouver une solution pour séparer les enfants car Marie Antoinette est enceinte : où va loger le bébé ? Au début, sûrement dans leur chambre mais par la suite ? Et s’il y avait d’autres enfants ?…
Il est donc nécessaire d’agrandir la maison : le petit appentis accolé sur la droite de la maison pourrait devenir une pièce. Sébastien, a chaque fin de journée, s’attelle à la tâche avec Gabriel. Il a fallu vider l’appentis et le nettoyer. Puis, afin que cela soit vraiment une chambre, créer une ouverture pour que la pièce donne directement dans la cuisine.
Gabriel est très actif, il est persuadé qu’il va dormir dans cette chambre avec ses frères et que les autres enfants seront tous en haut. Certes, pour les trois garçons, l’appentis est juste en taille, mais qu’importe ! Les travaux sont finis, il manque désormais le lit et la literie…
L’été est passé, la rentrée scolaire est proche. Les garçons sont excités à l’idée de retrouver les bancs de l’école. Mais, ce soir, Gabriel est triste, très triste. Son père vient de lui apprendre qu’il était placé en apprentissage chez François ANCEAUX, maître cordier à Melun.
Le contrat a été signé ce jour, le vendredi 3 septembre 1813, et l’apprentissage commencera le 12 de ce mois, c’est-à-dire dans une semaine…

Gabriel n’a pas envisagé de devenir cordier ! Il pensait aller encore à l’école jusqu’à ses 14 ans ! Charpentier, c’est charpentier comme son père qu’il voulait être. Mais non, il comprend qu’il n’a pas le pouvoir de décision : trop de bouches à nourrir, pas assez de place, il faut donc qu’il quitte la maison, comme Mariette. Mais pourquoi ne pourrait-il aller, lui aussi, chez Mamilou ? « Tu ne vas pas pleurnicher ! Tu est un garçon ! Et puis, qu’apprendrais-tu chez Mamilou ? A tricoter, à coudre… comme les filles ? » La réponse de son père est très dure, très sèche, il partira donc pour apprendre à être cordier. « Combien de temps serais-je parti ? »
« Deux ans ! Tu apprendras le métier, tu seras nourri et logé mais attention : tu devras bien travailler et bien obéir ! Il n’est pas question que tu reviennes avant ! »
« Où habite M. ANCEAUX ? » « Melun, paroisse de Saint Aspais ! »
Le père de Gabriel quitte la table et s’installe dans son fauteuil : la discussion est close… Sébastien oublie de dire que M. ANCEAUX lui verserai une jolie somme et que la durée de l’apprentissage sera allongée d’autant de jours que Gabriel aura été malade.

Gabriel se couche en se demandant comment il va annoncer la nouvelle à Mariette.
Le lendemain matin, il court chez Mamilou. Il comprend dès son arrivée que Mamilou est déjà au courant et prend le temps d’expliquer à sa petite sœur qu’ils ne se verront pas beaucoup au cours des deux prochaines années, mais que, toujours, il pensera à elle et qu’il l’aimera. Pour Mariette, c’est encore un abandon : elle est très en colère envers son père. Décidément, les adultes ne sont pas tous gentils ! Leur maman est morte et leur père se débarrasse de ses enfants !
Mariette prend une grande décision : elle ne sait pas comment, mais il faut absolument qu’elle apprenne à écrire. Ainsi, elle pourra donner des nouvelles à Gabriel et en recevoir. Les deux années seront moins longues…
En se couchant le soir, Mariette se demande ce qu'il pourrait arriver si Mamilou décédait…
Source : AD77 – cote 218E231 – contrat d’apprentissage Jean Baptiste DEBEUCLERE