Le débarquement franco-anglais aux Dardanelles a coûté la vie à de nombreux soldats alliés…
Début avril, les forces franco-anglaises essaient une entrée aux Dardanelles par de simples bombardements des ouvrages qui les défendaient. Le commandement militaire pense que la surprise de l’attaque va provoquer une révolution renversant le parti turco-allemand. Il n’y en a rien été ! Les grands chefs franco-anglais avaient sous-estimé le pouvoir des mines dérivantes et de la résistance des forts.
Le 25 avril 1915, les Alliés reviennent à la bonne vieille méthode de l’action combinée des forces maritimes et terrestres. Les cuirassiers bombardent les côtes protégeant, ainsi, à la fois les troupes qui débarquent et les dragueurs qui ouvrent le chemin à l’escadre. Les débarquements se font tout d’abord sur la presqu’île de Gallipoli. Cette presqu’île est reliée au continent par un isthme très étroit, l’isthme de Boulaïr. Les forts de Seddul-Bahr et Koum-Kaleh sont détruits sous le feu de la marine et les forces alliées peuvent débarquer !
Sous l’appui des canons de la flotte française et sou le feu ennemi, les troupes françaises réussissent à occuper le village de Koum-Kaleh et à s’y maintenir malgré sept contre-attaques de nuit appuyées par de l’artillerie lourde. Elles ont fait 500 prisonniers et de lourdes pertes chez l’ennemi.
Le 21 août 1915,par arrêté du Ministère de la Marine, de nombreux marins sont récompensés, certains par une promotion de grade, d’autre par une promotion dans l’Ordre de la légion d’Honneur. D’autres, ne reçoivent qu’une témoignage officiel de satisfaction comme L’enseigne de vaisseau LE BRETON (F.-C.), à bord du Latouche-Tréville : « Très belle conduite dans une embarcation pendant le réembarquement des troupes sous le feu de l’ennemi. Excellent officier de tir« . Enfin, certains sont proposés à la Médaille Militaire comme François Edmée GUYOCHON, apprenti canonnier sur le cuirassier Saint-Louis.
Si le 25 avril 1915, certains ont pu recevoir des promotions et des félicitations, d’autres ont laissé leur vie ! C’est le cas de Auguste MONNIOT…
Auguste MONNIOT, né le 6 octobre 1882, fils de Denis et Jeanne DÉBRUÈRES, est, comme ses deux frères Henri et Augustin, rappelé par l’Ordre de Mobilisation Générale du 2 août 1914. Il rejoint son régiment, le 24ème d’Infanterie. Le 16 janvier 1915, son jeune frère, Augustin, est Mort pour la France à Ablain-Saint-Nazaire, dans le Pas-de-Calais, Auguste le sait-il ? La guerre continue… Il passe au 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale le 26 février 1915 et fait partie des troupes qui embarque pour les Dardanelles.
« Le 4 mars 1915 – Le Bataillon du 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale, formé à Lyon et Toulon, fort de 16 officiers, 1060 hommes de troupes embarque à bord du bateau « La Lorraine » à Toulon.
Le 5 avril 1915 – La division est passée en revue par le Général d’Arnade, commandant le Corps Expéditionnaire d’Orient qui présente les troupes au Général Sir Ian Hamilton à 2 kilomètres au sud-est de Victoria College et au nord de la route Alexandrie-Damiette, en Egypte. Ensuite, le Général d’Arnade remet les drapeaux au Régiment de Marche d’Afrique et au 6ème Colonial Mixte.
Le 13 avril 1915 – L’Etat-Major et le 1er bataillon du 6ème Colonial embarque à bord de « La Savoie ».
Le 25 avril 1915 – Un très fort courant de 4 nœuds environ retarde fortement es opérations de débarquement à Koum-Kaleh ; il faut doter chaque trains d’embarcations de torpilleurs ou de remorqueurs, les vedettes et chaloupes à vapeur ne suffisant pas. Le feu est ouvert peu après 5 heures par la division. A 9h20, les premiers débarquements s’opèrent sous le fort de Koum-Kaleh. Les premières troupes mises à terre nettoient la citadelle et à 11h20, le Colonel Ruef signale que le village est entièrement occupé et qu’il prend positions à la lisière sud pour entamer me mouvement offensif sur Seris Sher. A 13h00, les troupes atteignent, sur la plage, un point situé à peu près à égale distance de Koum-Kaleh et d’Arhanie. Elles ont fait trente prisonniers. » Le rédacteur du Journal de Marche et des Opérations du 6ème Régiment d’Infanterie coloniale ajoute « Nos pertes semblent sans importance. »
Une recherche sur le site de Mémoire des Hommes, à la date du 25 avril 1915, au titre du 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale donne 32 noms ! Donc, pour trente prisonniers, trente-deux soldats sont Morts pour la France.
Auguste MONNIOT, 33 ans, marié à Berthe Henriette BOUVRET, père de Georges Auguste Emile, décède en cette terrible journée de débarquement… Il n’aura d’autre remerciement de la Patrie que le titre de « Mort pour la France » !