1888, Adolphe LABART, son épouse et les six enfants décident de partir pour l'aventure argentine…
Adolphe LABARD, né le 2 avril 1846 à Sainte-Cécile, en Belgique, est fils de Nicolas, 23 ans, scieur de long et Virginie BERTRAND, 22 ans, sans profession. Il est le deuxième d’une fratrie de onze enfants, tous nés en Belgique, sauf la dernière.
Le premier voyage, transfrontalier, d’Adolphe a été de suivre ses parents et ses six frères et sœurs à Bazeilles, commune proche de Sedan. L’année de ce grand déménagement se situe entre 1864, naissance de Jules en Belgique, et 1869, naissance d’Augustine en France.
La sœur aînée d’Adolphe se marie le 28 août 1869 avec Jacques Joseph COUSET. Et puis la région subit de plein fouet cette terrible guerre 1870-1871, surtout dans la région de Floing, Bazeilles et, bien évidemment, Sedan.
A peine sorti de ces moments troubles, Adolphe, scieur de long comme son père, épouse Anne Léocadie MARY, 19 ans, le 28 novembre 1872 à Breux, dans la Meuse. Certes, il y a changement de département, mais les deux communes ne sont séparées que d’environ 35 à 40 kilomètres…

Le couple s’installe à Douzy et l’année suivante voit la naissance des jumelles Marie Augustine et Maria, cette dernière décède à l’âge de deux mois, et Marie Augustine, à huit. Et puis les naissances se succèdent : Jean Baptiste Silva, en 1875, Catherine Augusta, en 1876, Henri Hippolyte, en 1879, Jean Baptiste Firmin, en 1882, Julia Marie, en 1885, et Julien Auguste en 1887. Que de bouches à nourrir !
Qu’est-ce qui a poussé Adolphe et son épouse à répondre favorablement à la proposition de l’Argentine ? Comment ces propositions sont-elles arrivées jusque dans les Ardennes ?
Toujours est-il qu’en 1888, la famille débarque à Buenos-Aires et rejoint la ville où un terrain leur a été cédé. La famille s’agrandit avec la naissance de Victorina , en 1889, et Raouli, en 1894. Les français immigrés en Argentine ont eu des terrains concédés au même endroit : ils ont formé des colonies. Le premier recensement dont ils font l’objet date de 1895.

La vie en France s’est-elle arrêtée ? Adolphe est d’origine belge, ses enfants le sont donc aussi. Mais ces derniers ont tout de même l’obligation d’effectuer leur service militaire au titre de l’article 11 de la loi sur le recrutement militaire du 16 juillet 1889 : « Les individus déclarés Français en vertu de l’article1er de la loi du 16 décembre 1874 sont portés, dans les communes où ils sont domiciliés, sur les tableaux de recensement de la classe dont la formation suit l’époque de leur majorité telle qu’elle est fixée en par la loi française. Ils peuvent réclamer contre leur inscription lors de l’examen du tableau de recensement et lors de leur convocation au conseil de révision, conformément à l’article 16 ci-après. S’ils ne le réclament pas, le tirage au sort équivaudra pour eux à la déclaration prévue par l’article 9 du code civil. S’ils se font rayer, ils seront immédiatement déchus du bénéfice dudit article. […]«
Jean Baptiste Firmin, fiche matricule n° 2525/1902, bureau de Mézières, devait donc se présenter avec sa classe, celle de 1902, mais, résidant en Argentine, il ne s’est pas présenté. Il est déclaré insoumis le 2 mai 1906, puis rayé du contrôle de l’insoumission le 2 mai 1909. De nouveau déclaré insoumis le 3 février 1910 jusqu’à l’extinction de l’obligation légale du service militaire le concernant, le 13 janvier 1935.
La situation est identique quelques années plus tard pour Julien Auguste, fiche matricule n° 2316/1907, bureau de Mézières. Ce dernier sera rayé définitivement du contrôle de l’insoumission le 8 octobre 1937.
Qu’est devenue la famille d’Adolphe et Anne Léocadie ? Outre les différents patronymes, LABARRA-LAVARRE, certains de leur prénom ont été espagnolisés : Adolfo, Enrique, …
1 – Jean Baptiste Silva épouse Anna SEGUI
- Firmin Eduardo, né le 13 mars 1899 à Venado Tuerto,
- Ester Lucadia, née le 10 juillet 1904 à Belle Ville.
2 – Catherine Augusta épouse Luis SAVY
- Marta, née le 12 juillet 1898 à Camilo Aldao,
- Amon Emilio, né en 1899, dans la même commune,
- Emilio, né en 1900 à Marros Guarez,
- Gabriel Marcelo, né en 1901,
- Gaston Marco, né le 3 novembre 1903 à Kilometro,
- Marte Matilde, née le 16 août 1905 à Iriond.
3 – Henri Hippolyte Enrique épouse Matilde DEHAES, le 25 janvier 1904 à Cruz Alta.
4 – Julia Maria épouse Eduardo Ramon SEGUI/SEGUY.
- Margareta, née le 11 janvier 1917, à Rio Cuarto,
- Irineo Angel, né le 24 août 1918, même commune, marié le 17 avril 1954 à El Segado Coraz avec Maria Luisa BLANCO.
- Emilia Marcela, née le 30 mars 1920 à Holmberg, mariée le 15 janvier 1944 à Rio Cuarto, avec Silva ZORIBIS,
- Emma, mariée le 59 mai 1923 à Rio Cuarto avec Gabriel Marcelo SAVY, son cousin germain.
5 – Victorina épouse Francisco DEHAES, le 25 janvier 1904 à Cruza Alta, Francisco DEHAES, frère de Mathilde, ci-dessus,
- Emma, née le 11 mai 1913 à Rio Cuarto,
- Magdalena, née le 23 avril 1916, même commune,
- Elvira, née le 2 juin 1918, même commune.
Adolphe et Anne Léocadie ont donc fait souche en Argentine. En 1901, ils apparaissent sur une liste de passagers partant de Buenos-Aires pour arriver au Havre, seuls, sans les enfants… Il est incroyable que nos ancêtres aient pu voyager si aisément !
Source
- Familysearch
- AD55
Merci pour cet article très intéressant qui m’a été transféré par une autre généalogiste.
Par le plus grand des hasards, je suis en train de dépouiller l’état civil de la commune de Douzy (Ardennes) où sont nés les enfants Jean-Baptiste-Silva, Catherine Augusta et Henri Hippolyte.
Je me demandais ce qu’était devenu cette famille, vous apportez içi la réponse.
J’ai également trouvé un descandant de cette famille sur GENEANET, Rodrigo LABARRE. Il serait certainement ravi d’avoir ces informations… si jamais il parle français !
Bonsoir Laurent,
C’est moi qui vous ai donné le lien pour que vous lisiez mes articles 🙂 🙂
Je vous remercie de la piste que vous m’avez donné et j’ai adressé un courriel à Rodrigo LABARRE qui, dans sa généalogie, il se trouve un Hipolito Irineo LABARRE enfant du couple ayant quitté Douzy…
Affaire à suivre, je me permettrai de vous tenir au courant.
Merci de m’avoir répondu …