Mariette apprend une poésie !...
Le temps s’est adouci, la neige a fondu, Mariette et son amie Jeanne sont allées se promener.
- Je n’en peux plus de rester à la maison,
- A nous le grand air !
- Dis, crois-tu que nous irons un jour à l’école, comme nos frères ?
Mariette ne pense qu’à cela, chaque matin, lorsque ses frères se préparent pour l’école, et aussi le soir, lorsqu’ils font leurs devoirs. Elle s’assoit chaque soir à côté de Justin qui est très appliqué, son écriture est si belle, mais elle ne sait pas lire, enfin, pas beaucoup lire. Son frère prend parfois le temps de lui apprendre quelques mots comme : maman, papa, Mamilou, Papilou… Il lui a même montré comment s’écrivait son prénom !
Mais ce n’est pas encore assez !
Jeanne pousse son amie fière de lui montre les premières perce-neige : « C’est la fin de l’hiver ! Bientôt le printemps, les arbres avec leurs feuilles, les fleurs, les légumes, tout va repousser !… Dis, Mariette, où en es tu de ta couverture ? ».
Naturellement, Mariette avait annoncé la super bonne nouvelle : l’arrivée d’un autre enfant dans la famille. Elle répond, espiègle « Oh quelques rangs, c’est long mais ma petite sœur sera heureuse ! » Une petite sœur, une petite sœur, et si c’était un garçon ? … Elle devra attendre encore quelques mois ! Revenons plutôt aux fleurs : elles sont si jolies, petites et frêles mais si fortes d’avoir bravé la neige. Le vert de leurs feuilles met de la couleur.
Les fillettes sont tentées de les cueillir, mais décident de les laisser pour revenir les voir demain, après demain, après après demain, enfin, jusqu’à ce qu’elles fanent.
Ce n’est tout de même pas encore le printemps et le froid tombant les oblige à revenir sur leurs pas. Comme chaque jour, maman demande à Mariette de rentrer les poules pendant que les garçons font leurs devoirs. Dans la maison, Mariette sent que Justin a quelque chose d’important à lui dire. Il a appris une poésie, une poésie qui devrait lui plaire. Alors, fier, droit comme un i, il lui récite :
« On n’avance qu’avec effort,
Le ciel est noir, la terre est blanche,
Pas un oiseau sur une branche,
Partout l’hiver, partout la mort,
Mais un perce-neige, qui sort,
Du sol aride où l’on se penche,
Du printemps prédit la revanche :
On ne sent plus le vent du Nord !«
La petite fille lui demande de la répéter encore et encore jusqu’à ce qu’elle puisse la réciter aussi ! Demain, elle pourra la dire à Jeanne devant les perce-neige qu’elles auront à leurs pieds !
Elle se dit aussi que, peut-être ne va-t-elle pas à l’école, mais si Justin l’aide, elle saura ces jolies choses que le maître enseigne. « Mariette, Mariette ! Tu es dans la lune ! Allez, mets la table ! » dit maman en s’impatientant.
Les écuelles à peine posées, les verres et le broc d’eau posés, que maman sert la soupe : un bouillon dans lequel a cuit une queue de porc, des carottes et du chou. Le bouillon ramolli le pain qui avait durci, ça fume alors Mariette souffle pour ne pas se brûler. Le dessert est une pomme, encore comme toujours en hiver.
La table débarrassée, tout le monde s’installe devant la cheminée pour écouter une histoire de papa, mais Justin demande à ce que Mariette récite la poésie du perce-neige. Très fière, intimidée, elle commence, d’une voix toute basse mais, voyant que tout le monde l’écoute, elle s’affermit et vint à bout de son récit sans faire de faute. Ses frères et ses parents l’applaudissent, eux aussi sont fiers d’elle !