Sébastien, le papa de Mariette, va avoir 37 ans…
- C’est l’anniversaire de papa ! s’exclame Mariette, à peine son petit déjeuner terminé.
- Oui, bien sûr, et… ? interroge sa maman.
- Nous allons lui faire un gâteau, n’est-ce pas ?
- Oui, il reste encore des pommes !
- Penses-tu qu’il aimerait un cadeau ? C’est triste, ici, il n’y a personne de sa famille.
- Comme il fait encore très froid dehors et que les hommes ne sortent pas, nous allons demander à Jean et Marguerite de venir avec le bébé. Nous boirons du café et mangerons une part de gâteau.
- Et… Papilou et Mamilou ?
- Naturellement, tu sais bien qu’ils seront là !
Mariette sait bien que Papa n’aura pas de cadeau. Dans la famille, elle n’a toujours vu que des cadeaux pour les enfants. Pour les anniversaires, ce sont toujours des choses utiles : des vêtements que maman a cousu, des sabots que papa a échangé contre des paniers, Gabriel a même eu un couteau l’année dernière. Il n’a pas le droit de l’emmener à l’école mais il est toujours très fier de l’avoir sur lui quand il travaille sur les toits ou ailleurs !
Mariette monte dans sa chambre et se prépare en s’interrogeant toujours sur les cadeaux des grands. Elle entend parler en bas et reconnaît la voix de Mamilou. Vite, elle dévale les escaliers, trop heureuse de voir sa grand-mère. Cette dernière a un panier rond rempli de restes de laines, des aiguilles en bois aussi. Pourquoi donc ? Mamilou tricote, certes, mais toujours chez elle ! En attendant, elle saute sur les genoux de son aïeule et se blottit dans ses bras : entre la chaleur de la grand-mère et celle du foyer, Mariette est heureuse.
« J’ai une surprise pour toi, Petite. Aimerais-tu apprendre à tricoter ? Tu commences à bien te débrouiller en couture, il est temps que tu tricotes. Tu pourrais commencer par une petite couverture de bébé, non ? »
Mariette fait la moue, c’est apprendre à lire et à écrire qu’elle aimerait. Encore des travaux de filles… Mais, bon, une couverture de bébé, pourquoi pas. Elle pourrait l’offrir à Marie, pour un bébé, l’hiver, une couverture de plus c’est utile. Alors elle s’installe sur sa chaise et Mamilou commence à lui montrer. Les premières mailles sont déjà sur les aiguilles, la petite fille n’a plus qu’à continuer. N’à plus qu’à… plus facile à écrire que Mariette à faire !
« Je ne vais jamais y arriver ! Marie sera bien trop grande lorsque j’aurai fini ! » Sa mère et sa grand-mère sourient, bienveillantes.
Il est l’heure de préparer la table, Mamilou rentre chez elles, les garçons rentrent de l’école, bruyants comme d’habitude. Papa, quant à lui, passe près de maman et lui parle à l’oreille. Ils sont souriants, ce n’est donc pas une mauvaise nouvelle.
Ca y est ! Maman a enfourné le gâteau dans le four. Les enfants ne peuvent pas le faire : le bois chauffe et ils risqueraient de se brûler. A peine la cuisson finie, il trône, là, sur la table recouverte de cette belle nappe que maman a cousue et brodée. Les invités arrivent enfin et tout le monde peut s’installer. Jean a apporté une bouteille de cidre. Il faut dire qu’il a un grand verger et produit lui-même les boissons à partir des pommes et des poires.
Maman coupe le gâteau, sert tout le monde et s’assoit. D’un coup, papa se lève. Mariette est intriguée « Que se passe-t-il ? » Papa se râcle la gorge et annonce qu’il a une nouvelle important à dire. Tout le monde écoute, même si Mariette a l’impression que les grands savent déjà de quoi il va parler. Elle regarde ses frères qui sont tout aussi surpris qu’elle. « Hum, voilà, les enfants, la famille va s’agrandir ! »
Quoi, quoi, maman attend un bébé ? Mariette saute de sa chaise et se met à danser en chantant « Une petite sœur, une petite sœur, une petite sœur… » Sa mère a bien du mal à la calmer et à la faire asseoir en précisant que personne ne sait si ce sera une fille ou un garçon. Seul le Seigneur sait !
Les adultes discutent et Mariette comprend bien que ce n’est pas une si bonne nouvelle. Ils sont déjà quatre enfants, maman a perdu une petite fille, et la maison n’est pas bien grande. La chambre qu’occupent Mariette et ses frères est déjà bien remplie. Pour séparer la fille des garçons, un fil est tendu d’un mur à l’autre et un rideau a été accroché. Oh, il va bien être facile de trouver une place pour le bébé !
Après la prière, Mariette se couche et sert très fort Antoinette, un sourire aux lèvres car elle comprend pourquoi elle doit tricoter une couverture…