Comme vous le savez, nos soldats de 14 n'ont pas bataillé qu'en France ! Comme tels, ils sont aussi honorés, pas toujours mais souvent, par ces communes attaquées…
Tout commence par une halte à la petite Chapelle Saint Roch d’Herbeumont, en Belgique… Simple petite chapelle au cœur de laquelle ne restent que les vestiges d’un autel élevé à Saint Roch, patron des pèlerins. Cette chapelle a été construite au XVIIème siècle pour conjuguer les épidémies de peste. Classée en 1983 et restaurée en 2009, elle n’aurait donc rien à voir avec la Première Guerre Mondiale.
En faisant le tour de cette petite chapelle par la gauche, une stèle simple mais touchante est là, installée à côté d’un conifère qui est géant désormais. Quatre noms de Français, 2 soldats Français inconnus et 7 Allemands. Les premiers, les Français, « tombés à Herbeumont le 23 août 1914 pour nous défendre« , les autres par respect : ils étaient nos ennemis, mais, ils sont tous, quelque soit leur nationalité, tombés au cours de la Première Guerre Mondiale au nom de leurs patries respectives.
Quatre noms de militaires, tous du 126ème Régiment d’Infanterie :
- GUYOT R., Lieutenant,
- RAIMBAULT G., classe 1911,
- MALIFAUD F., classe 1911,
- VERGONJEANNE J., classe 1912.
Mais qui sont-ils ?
GUYOT René Charles Albert, né le 23 mars 1890, à Nancy (54). Il est fils de Jules Nicolas, 32ans, contrôleur des impôts indirects, et Ernestine Anne COLIN, 26 ans. Les différentes affectations du père entraîne la famille à Nouzonville, dans les Ardennes, où naît Maurice Jean Hubert, en 1893, puis Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, où naît, Georges Emile, en 1898.
Elève à l’école Saint Cyr depuis le 19 septembre 1910 et conformément à l’article 23 de la loi du 23 mars 1905, René s’engage volontairement pour une durée de quatre ans à la mairie de Rodez, le 10 octobre 1910. En effet, il doit avoir accompli une année de service militaire aux conditions ordinaires avant d’intégré l’Ecole Spéciale Militaire.
Incorporé simple soldat au 15ème Régiment d’Infanterie, il quitte l’armée le 11 octobre 1911 avec le grade d’aspirant. Reçu 50ème sur 249 élèves, il intègre le 126ème Régiment d’Infanterie et est promu au grade de Sous-Lieutenant le 13 juillet 1913. René est sous les drapeaux à l’appel de la Mobilisation.
Le 22 août 1914, le 126ème marche sut Recogne, en Belgique. Vers 10h00, il arrive à Saint-Médard. Le 3ème Bataillon est mis à la disposition de la 47ème Brigade, le 1er Bataillon est à droite du 108ème, le 2ème Bataillon pousse à Nevraumont. Le combat, sous le bois, est confus, les unités sont mélangées. Vers 18h00, le 126ème est coupé par des fractions de la 47ème Brigade et se trouve face au bois à Ronart. Beaucoup de pertes en fin de journée ! Le 23, l’ordre est reçu de s’établir à l’arrière de Saint-Médard. Le mouvement est couvert par le 2ème Bataillon en appui à Nevraumont. A 9h00, sous l’artillerie ennemie supérieure, le 2ème Bataillon et le groupe d’artillerie se retirent. Le 3ème Bataillon est en train d’organiser un repli à Saint-Médard lorsque l’artillerie ennemie se déclenche, criblant le village de projectiles…
René Charles Albert GUYOT, Lieutenant, tombe en ce 23 août 1914, à Saint-Médard.
Il est cité à l’Ordre de l’Armée le 23 avril 1915 : « Commandant une section de mitrailleuses, s’est sacrifié le 23 août en mettant en batterie contre l’ennemi débouchant d’une localité, anéantissant une section de mitrailleuses adverses, protégeant le repli de l’infanterie attaquée par des forces très supérieures. Est tombé frappé mortellement sitôt les positions prises«
L'hommage et le souvenir de la population belge persistent avec les années grâce à ces stèles érigées ça et là…
Source : les détails des journées des 22 et 23 août 1914 sont issus du Journal de Marche et des Opérations du 126ème Régiment d’Infanterie – cote 26N685/7 6- site de Mémoires des Hommes