J'ai cherché dans ma généalogie et… je suis la seule Christiane et il est le seul Christian !
Christian Charles Pierre MENOT naît le vendredi 13 juillet 1928 à Soissons, Aisne. Il est le deuxième enfant de Charles Auguste, 29 ans, manouvrier, et Marguerite Juliette MONNIER, 23 ans. Deux années avant lui, un frère, Henri Charles Auguste avait vu le jour, le jeudi 26 mars 1926. Sa vie aura été courte, trop courte : il décède le lundi 26 avril 1926. Mais Christian fait la fierté et le bonheur de ses parents…
Treize mois plus tard, le choix du roi : Rolande naît le samedi 31 août 1929. Là encore, courte vie : Christian assiste au décès de sa petite sœur, le jeudi 14 novembre de la même année.
Christian est donc fils unique, sûrement élevé dans cet esprit, même si sa mère, Marguerite, est ferme et décidée. Il aura attendu l’âge de 10 ans pour avoir, à nouveau, une petite sœur : Claudine, qui naît le jeudi 19 avril 1939, à Soissons. Christian va à l’école et passe son certificat d’études, qu’il obtient ! Très fier de lui, il court voir sa mère, cuisinière dans une famille, et lui annonce qu’il ne va plus aller à l’école. Marguerite n’a qu’une réponse : « Alors, tu vas aller travailler dans les champs ! » Mais c’est la guerre ! La famille MENOT subit cette guerre, comme la précédente : l’ennemi connaît la commune… malheureusement.
Qu’est-ce qui va pousser Christian à s’engager dans l’armée ? Cette deuxième Guerre Mondiale ? La petite sœur avec qui il doit partager ses parents ? Le caractère presque tyrannique de sa mère ?…
Alors qu’il réside boulevard des Thermes, à Vailly, chez ses parents, Christian s’engage volontairement, pour une durée de trois ans, devant l’intendant militaire de la Place de Laon, le 24 juin 1946, au titre du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains. Il est, de suite, le 6 juillet, muté au 2ème Régiment de Hussards. L’année suivante, après ses classes, le 14 août, il est dirigé sur le 8ème Régiment de Dragons à Poitiers. Le 15 février 1947, il rejoint le 4ème Bataillon de Dragons Portés – Extrême Orient – alors que ce Bataillon est tout juste créé. Le départ pour l’Indochine est imminent… Christian embarque à Toulon le 2 mars et débarque à Cap Saint Jacques le 28 mars suivant. La traversée laisse un souvenir à Christian : le repas servi à bord… Le midi « Mouton-haricots » et le soir « Haricots-mouton ». Il en aura parlé toute sa vie…
Plus de trois longues semaines avant d’arriver dans ce pays lointain. L’arrivée en Indochine lui permet d’être nommé Dragons de 1ère classe. Après avoir stationné quelques jours à Cap Saint Jacques, le 4ème B.D.P. embarque sur chaloupes à Rach Dua le 22 avril 1947 et débarque au Tonkin le 26. Il stationne dans la région de Gia-Lam, Hanoï et Lang-Son. Le 1er janvier 1948, il est affecté au 1er Régiment de Chasseurs, seul régiment de chasseurs à cheval à participer au conflit indochinois. Son 3ème escadron de marche combat à Dien Bien Phu. Christian est nommé au grade de Brigadier le 24 février 1949, puis sert par tacite reconduction à compter du 24 juin. Il est ensuite affecté à la Base Militaire de Haïphong – B.M.H. pour embarquer le 27 août à destination de Marseille, où il débarque le 15 septembre. Il est en permission pour 144 jours, dont 114 de fin de compagne. Ces C.F.C. sont accordés au militaire à l’issue d’un embarquement ou d’un séjours de plus de onze mois consécutifs.
En France, Christian s’engage à nouveau, pour quatre ans cette fois-ci, devant l’intendant militaire de Lille le 7 février 1950, au titre de la CAR n° 1 pour servir en Extrême Orient. Avant le départ, il dispose de 30 jours de permission de départ colonial. Le 7 mars, il est dirigé au Camp de troupes coloniales à Fréjus pour embarquer au départ de Marseille le 3 avril. La traversée est plus courte puisqu’il débarque à Haïphong le 12 avril suivant. Il rejoint ainsi le 1er Régiment de Chasseurs, régiment où il sera nommé au grade de brigadier-chef le 1er septembre 1951. Il prolonge son séjour pour deux périodes de six mois à compter du 15 avril 1952 et est nommé au grade de Maréchal-des-Logis le 1er juin même année.
Le 23 février 1953, il est blessé à la digue du Fleuve Rouge au sud-est de Viet Tri. Il est gravement blessé et estimé rapatriable le 16 mars 1953, jour de son embarquement à Haïphong. Il débarque à Marseille le 5 avril pour être soigné et passé en convalescence. La commission de réforme de Laon le maintient en service armé le 3 juillet et il est placé en congé de fin de campagne pour 120 jours. L’Indochine, pour lui, c’est fini ! Le seul souvenir en ma possession est un briquet acheté là-bas…
Cette blessure lui vaut d’être cité à l’Ordre de l’Armée par décision n° 28 du 15 juillet 1953 du Ministre de la Défense Nationale et des Forces Armées et l’attribution de la Croix de Guerre des T.O.E. – Théâtre des Opérations Extérieures – avec Palme.
Quand rencontre-t-il ma maman ? Cette question ne trouve pas de réponse très précise. Ce serait, aux dires et souvenirs familiaux, lors d’une visite des Parisiens aux Axonais. Les premiers venant remercier les seconds pour la fourniture des denrées alimentaires pendant la terrible guerre qui vient de se terminer. Elisabeth, « Babeth », tombe littéralement sous le charme de Christian et réciproquement.
Le mariage a lieu le 17 octobre 1953 : cérémonie civile en la mairie du 8ème et cérémonie religieuse à Saint-Philippe-du Roule. 14 jours après le mariage, le couple part s’installer en Allemagne : Christian est affecté au 1er Régiment de Spahis Marocains à Trèves.
Elisabeth est très vite enceinte et accouche d’un garçon, Pierre, le 3 août 1954, puis perd un fils en fausse couche en 1955 juste avant le départ de son époux pour l’Afrique. Christian est militaire ! Il suit donc son régiment qui doit aller assurer le maintien de l’ordre au Maroc. Il quitte l’Allemagne le 11 octobre 1955, embarque à Marseille le 13 et débarque à Oran le 15, passe la frontière algéro-marocaine le 21. Après ma naissance, nous rejoignons mon père à Bône, puis Taza, puis Casablanca…
Christian est affecté au 7ème Régiment de Cuirassiers et nommé Maréchal-des-Logis-Major. Avec sa famille, il rentre en France par voie aérienne depuis Bône jusque Paris le 3 janvier 1959. Après 45 jours de C.F.C., le 13 mars 1959, il rejoint le régiment à Noyon, où la famille, après avoir séjourné chez les grands-parents MENOT dans l’Aisne, s’installe 22, rue de l’Hôtel Dieu.
Le 1er avril 1961, nouvelle affectation pour Christian : le 21ème Régiment de Spahis et un mois plus tard, il embarque à Marseille direction Bône : c’est la guerre en Algérie, mais il connaît la guerre… Il obtient une nouvelle promotion, Adjudant le 1er janvier 1962.
Le 30 novembre 1962, le 21ème Régiment de Spahis fait mouvement vers la métropole. L’embarquement a lieu à Bône et le débarquement à Marseille, le lendemain. Le régiment s’installe à Sedan, où toute la famille se trouve réunie et s’installe, Tour Chanzy. La famille est définitivement réunie : Christian, au régiment, Elisabeth, secrétaire chez Sommer et les enfants à l’école !…
La carrière de Christian se poursuit . Promu Adjudant-Chef le 31 décembre 1965. Il est trésorier… Au cours de l’été, un nouveau chef et la mésentente s’installe. Ce jeune officier frais émoulu de l’école ne connaît rien à la guerre. Pour ces « vieux » sous-officiers qui ont fait l’Indochine et l’Algérie c’est un sacré défaut ! Christian n’a plus qu’une solution : prendre la retraite : il est rayé des contrôles de l’Armée le 16 mars 1967.
. Il quitte l’armée avec les médailles suivantes :
- Médaille coloniale avec agrafe Extrême Orient, 1947,
- Croix de Guerre avec Palme, 1953,
- Médaille Commémorative d’Afrique du Nord, agrafe Maroc,
- Médaille Commémorative d’Afrique du Nord, agrafe Algérie,
- Médaille Militaire, 1959.
Après l’armée, Christian trouve un poste de représentant en matériel scolaire. Tous les jours sur la route ! Il veut se « fixer » et prend le poste de comptable chez FOSECO à Donchery.
Christian et son épouse deviennent grands-parents en 1978, Maïté et Mathieu, puis en 1982, Yves-Marie et Simon. Pour autant, ma mésentente du couple finit par une séparation. Christian s’installe avec sa maîtresse qu’il épouse en 1996. En 1997, il devient le Président de l’UNC de Fabrègues, dans l’Hérault.
Il s’éteint le 4 août 2014 à Montpellier. Cet homme, qui n’avait pas la fibre paternelle, était un homme très estimé et apprécié de son entourage !…
Très joli résumé de la vie et la carrière de Christian.