Dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle, l L'Argentine traverse une crise démographique qui l'incite à se tourner vers une politique migratoire ambitieuse. Alors que les Italiens constituent les premiers à répondre à cet appel, des avantages séduisants sont également offerts à d'autres Européens, dont les Français. C'est dans ce contexte que la famille d'Adolphe Labart décide de saisir cette opportunité unique.
« […] L’Argentine devient petit à petit la terre d’accueil de français d’origine modeste fuyant les guerres, les répressions et les succession de régimes autoritaires. – Il s’agissait principalement d’ouvriers, d’artisans, de paysans, ainsi que de nombreux socialistes et anarchistes – Le pic d’immigration le plus important est toutefois enregistré entre 1887 et 1889. A cette époque le gouvernement argentin a une véritable obsession, celle de peupler son immense territoire tout en faisant contrepoids à la forte immigration italienne. Sous le mot d’ordre « gobernar es poblar » d’Alberdi, l’état se lance dans un projet de peuplement. Des entreprises de colonisation sont mandatées pour attirer d’immigrés Nord Européens : billets de bateau et lopin de terre sont distribués gratuitement ou à bas prix dans le but de créer des communautés de colons. Cette politique fut incontestablement un succès puisque le flux d’immigrants tripla en trois ans, jusqu’à recevoir près de 27 000 français en 1888, plus qu’aux Etats-Unis à la même époque.«
C’est ainsi que Adolphe LABARD, son épouse Anne Léocadie COLLET, ainsi que leur six enfants, s’embarquent pour l’aventure vers l’Argentine…
- Adolphe LABARD/LABART, 42 ans, scieur de long, né à Sainte-Cécile, en Belgique,
- Anne Léocadie MARY, 35 ans, née à Breux, en Moselle,
- Jean Baptiste Silva, 13 ans,
- Catherine Augusta, 12 ans,
- Henri Hippolyte, 9 ans,
- Jean Baptiste Firmin, 6 ans,
- Julia Marie, 3 ans,
- Julien Auguste, 1 an.

Ils ont sûrement embarqué au Havre ! La famille devait avoir des cabines de troisième classe. Chaque voyageur pouvait avoir un coffre haut de 30 à 35 centimètres afin de pouvoir être glissé sous la couchette. Il est souhaitable qu’il contienne du linge, des chemise de flanelle, un vêtement léger et un autre d’hier, un nécessaire de toilette, les assiette, gobelet, couvert en fer battu et couteau, du fil et des aiguilles, un plus ? un petit manuel de conversation français-espagnol afin d’étudier un peu la langue durant la traversée ! La nourriture a bord des bateaux est généralement saine et abondante. Un médecin à bord reçoit en consultation.
Voilà, le bateau quitte le port à destination de la première escale, Madère. La descente à terre s’effectue en barques légères pour un coût de 1 francs, aller et retour, pour les passagers de 3ème classe. L’escale suivante est Ténériffe, aux Îles Canaries. La rade de Ténériffe est vaste et sûre, des escadres française, espagnole et française y font escale, chaque année, plusieurs mois.
Le voyage se poursuit aux Îles du Cap Vert puis au Sénégal, colonie française.
Trois jours plus tard, le bateau franchit l’équateur et, peu à peu, l’étoile polaire n’est plus visible… Sous la ligne, les journées sont presque toujours pluvieuses, par bourrasques. Les nuits sont étouffantes mais il n’est pas conseiller d’ouvrir les hublots ni de dormir sur le pont. L’escale suivante est le Brésil, les passagers ne peuvent plus utiliser les francs mais bien les réis, monnaie locale. Il est possible de changer son argent, au fur et à mesure, auprès du commissaire du bord.
Nouvelle halte à Bahia, trois jours plus tard, le bateau double le Cap Frio avec son phare élevé sur une crête et visible de très loin.
Après une halte à Montevideo, la fin du voyage ! Arrivé à Buenos-Aires, l’ancre est jetée. Après un échange de documents administratifs et de santé entre le commissaire et les autorités argentines, les passagers pourront quitter le navire… Les émigrants doivent se rendre à l’Asile national d’émigration pour effectuer les démarches administratives. Cela peut prendre huit à quinze jours, mais tous sont logés gratuitement !

La famille LABART a mis pied à terre et elle se rend dans la commune où ils ont leur terre : Isla, en Province de Cordoba, à environ 450 kilomètres au nord-est de Buenos-Aires. Le décalage horaire est de quatre heures de retard avec la France.

Les LABART font donc partie des 27 000 français partis s'installer en Argentine et ils ont, encore aujourd'hui, une descendance, qui est expliquée dans l'article suivant… Les LABART en Argentine !
Source
- Le Petit Journal
- bnf.fr – cote 8°G5586 – Guide pratique d’Europe au Rio de la Plata
- Voyage vers Argentine
Départ du territoire avec l’espoir d’une vie meilleure, combien de nos ancêtres ont fait ce choix ! Quelques fois déçus, quelques fois pour trouver l’Eldorado…
Pour les LABART, cela a dû être positif, la suite de la famille qui a fait souche dans le prochain article…
Bonjour,
J’ai un ancêtre dans ma généalogie qui a créé une famille en argentine, j’ai trouvé son bateau sur laquelle il a émigré mais je n’arrive pas à le trouver sur site généalogique d’Argentine. Mais je pense qu’un jour ou l’autre je le trouverai.
Pour info: une petite erreur sur la croix du sud: c’est elle qu’on aperçoit après avoir passé l’équateur et c’est l’étoile polaire qu’on ne voit plus.
Cordialement.
Merci beaucoup pour me signaler l’erreur que j’ai modifiée bien évidemment !
Pour vos ancêtres en Argentine, avez-vous essayé le site de FamilySearch (https://www.familysearch.org/fr/) et/ou Ancestry (https://www.ancestry.fr/) ? Ce sont deux bonnes sources pour nos français partis à l’étranger…
Je vous invite aussi à lire le Guide pratique d’Europe au Rio de la Plata sur le site de Gallica, il fait office de guide touristique de l’époque et nous donne beaucoup d’indication sur le voyage !